les toits des Citroën DS et ID, par le Docteur Danche

Fabrication

Le toit (ou plus joliment le "pavillon") de la DS ne sert en réalité pas du tout à maintenir la structure du véhicule qui pourrait (dans l'absolu..) rouler sans toit en toute sécurité.

C'est pourquoi, dans l'objectif d'alléger le poids total roulant, le toit des DS fut voulu en plastique: c'était là une innovation majeure du modèle car les matières plastiques, fabriquées à partir du charbon, faisaient alors leurs premiers pas.

La matière utilisée est du polyester, avec une couche de fibres de verre solidaire par dessus. On peut voir un très joli petit film de cette fabrication dans le film "la DS, voiture du siècle", au minutage 16:37: https://www.youtube.com/watch?v=B8oyfXm4TpI

A l'issue de la fabrication, les pièces ayant le meilleur état de surface étaient réservées aux ID dont le toit n'est pas peint. Les moins bonnes allaient aux DS, dont le toit était poli, puis peint (voir NT 658).

Le lieu de fabrication de ces toits en plastique n'est pas clair. Certains ouvrages laissent penser que Citroën les fabriquait en interne, mais d'autres sources parlent des Ets Chausson, localisés à Bruay-la-Buissière: l'endroit était à l'époque une sorte de pépinière d'entreprises à l'initiative des Charbonnages de France pour encourager les innovations sur le plastique (le laboratoire des Houillères de Bruay-en-Artois avait mis au point sur place la Norsodyne, matériau innovant issu de la carbochimie, et en encourageait les usages: par exemple, la "maison en plastique").

D'ailleurs, à l'exposition universelle de 1958 de Bruxelles, c'est sur le stand "utilisations du charbon" des Charbonnages de France que fut présentée la DS totem évoquée ici.

Par ailleurs Saint Gobain a diffusé pour ses 350ans d'anciens films d'entreprise sur le pare-brise de la DS mais aussi sur le toit de l'ID19, qui laissent penser qu'il en réclame la paternité.

http://www.saint-gobain350ans.com/#!/fr/les-grandes-realisations/ds19-de-citroen/detail

 

Peinture des toits

Sur DS les toits sont peints, de la couleur caisse ou une couleur différente, selon les combinaisons détaillées dans le Danchotron.

Sur ID les toits sont en matériau brut à relief (les fameuses fibres de verres non poncées) jusqu'au millésime 67 compris.

Puis à partir du millésime 68 ils deviennent en plastique blanc lisse non peint, et ce jusqu'au millésime 69 compris.

Ensuite, à l'image de la DS, ils seront peints couleur caisse pour DSuper/DSuper5. Sur DSpécial ils restent non peints, teintés dans la masse en blanc, quelle que soit la couleur de caisse.


Décoloration des toits peints à partir de 68

En réalité, quand l'ID abandonne son toit brut (1968), c'est la technologie de production des toits qui change.

La fibre de verre n'est plus apparente, il y a désormais par dessus une sorte de "gelcoat" (pelliculage en résine teintée), qui est support de l'accroche de la peinture.

A partir de 68 donc, les toits peints (DS ou ID) sur ce pelliculage subissent avec les années une décoloration très nette déjà expliquée ici.

Le résultat final de nos jours, pour les toits jamais repeints, est un genre de blanc mat, parfois encore très légèrement teinté de sa couleur originelle, qui était la couleur de la caisse.

 

Les toits Vinyl noir

Pour les seuls modèles Pallas ou à injection électronique, une option "toit Vinyl" est proposée à partir du millésime 72. Ce Vinyl de couleur toujours noire recouvre des toits en aluminium fixés par collage, et laisse deux coutures apparentes longitudinales.

NB: Daniel m'a indiqué que sa 23 Pallas d'Octobre 73 sortie d'usine avec toit vinyl avait en dessous un toit plastique et non alu.

D'après mon observation des survivantes, il y a en réalité très peu de DS qui ont eu cette option dont on ne voit, à vrai dire, pas l'intérêt.

Les toits Vinyl autres

On connait un cas de toit Vinyl beige, avec la custode Vinyl également, c'est l'ancienne voiture de Phil, aux USA. Mais c'est une fantaisie de celui qui l'avait commandée, un acteur Américain célèbre.


Les toits en alu

Pour les toits noirs, ne supportant aucun défaut de finition en lumière rasante, on abandonnait souvent la solution plastique et on optait pour le toit en aluminium. C'était aussi indispensable pour les rares modèles disposant d'un radiotéléphone à partir de 1958. Mais ces toits résistent moins bien à la grêle et le temps a montré qu'ils sont globalement bien moins robustes au vieillissement: l'alu, pourtant réputé imputrescible, est victime d'un bizarre phénomène d'oxydation qui le ronge sur les bords, sans doute dû à une electrolyse entre l'alu du toit et le fer de son cadre?

Bien souvent ces toits sont irrécupérables.


La fixation

Au démarrage, les toits des DS et ID sont fixés à la caisse par 17 boulons.
Ici la Dsuper de Jérôme, sur laquelle ces boulons n'ont jamais été désserrés...




Sur certains exemplaires à partir du millésime 72 (NT 209D), puis systématiquement à partir du millésime 73, on abandonne les boulons et le toit devient collé sur 6 points de fixation vissés, ce qui améliore sensiblement l'étanchéité.

Par contre le démontage d'un pavillon collé devient plus malaisé, et sur les derniers modèles, c'est un vrai triomphe que d'arriver à démonter sans rien casser.

 

Le garnissage intérieur

Sur DS, le toit est garni sur sa face intérieure de Jersey gris clair (le même matériau que sur le bas des panneaux de portes).

Sur ID le toit est d'abord laissé brut, ce qui conduit à un amusant effet de transparence.

Au millésime 62 (Août 61), le toit des ID sera garni à l'intérieur. Il existe plusieurs variétés de ces garnissages, pour en savoir plus vous pouvez vous reporter à ce dossier: garniture intérieure du toit.

 

Le toit ouvrant

...reste une fantaisie de certains carrossiers de l'époque ayant commis des DS découvrables: Paul Nee, Chaproot, AEAT.
Au niveau esthétique c'est assez calamiteux.


Plus récemment est apparue une tendance à la mode d'installer des toits ouvrants type Twingo sur les DS, permettant à l'heureux propriétaire de pleinement profiter du soleil et de mes gentils sarcasmes.

Voici par exemple l'ami Shola et sa DS tout à fait unique en son genre (à louer ici)!


Le toit entièrement transparent

..reste un modèle unique vu dans un film avec M Mastroianni (voir au chapitre tuning)

 

Le toit des breaks.

Il est quant à lui en métal et peint en gris rosé AC136. Il a la petite particularité d'avoir jusqu'au millésime 69 compris une découpe en gris palombe AC145 dans la partie située sous la galerie. A partir du millésime 70, le toit est entièrement gris rosé.